La Règle de saint Benoît organise notre vie monastique et lui insuffle sa note particulière. Ce texte d’une grande sagesse, composé de 73 chapitres aborde tous les aspects pratiques et spirituels de la vie du moine.
Il est le fruit de l’expérience de Benoît qui a vécu aux confins des 5ème et 6ème siècles. Originaire de Nursie au centre de l’Italie où il est né vers 480, il arrive, jeune homme, à Rome pour y étudier. Mais là, déçu par le climat décadent de la ville, il interrompt ses études et part vers un lieu de solitude. Il se retire dans une vallée des environs de Subiaco afin de « plaire à Dieu seul ». Cette vie dépouillée centrée sur Dieu attire à lui des disciples et l’oblige à quitter sa retraite pour les former et leur apprendre à « ne rien préférer à l’amour du Christ ». Cela le conduira, non sans difficultés et échecs, que raconte Grégoire le Grand son biographe, jusqu’au Mont-Cassin où il meurt en 547. C’est cette longue expérience de vie selon l’Evangile que Benoît a livrée dans la Règle qui porte son nom.
La sagesse est l’une des caractéristiques dominantes de ce texte. Elle se traduit notamment par l’importance accordée au sens de la mesure. Benoît, qui se veut attentif aux personnes, s’attache en effet à ne pas décourager les faibles par des exigences qui seraient excessives, ni à freiner les forts en bridant leur zèle. Il sait d’ailleurs très bien que tout moine a ses limites. Il attend simplement de chacun qu’il puisse donner sa vraie mesure.
Réaliste, Benoît n’ignore pas les faiblesses humaines mais, confiant en l’amour de Dieu, il sait que tout homme, pourvu qu’il garde l’humilité, est capable de répondre à l’appel du Seigneur qui veut faire de lui un fils : « Écoute, mon fils, et prête l’oreille de ton cœur… Accomplis avec l’aide du Christ cette toute petite Règle écrite pour les débutants, alors tu parviendras ».
La force de la Règle de saint Benoît tient à ce qu’elle ordonne la vie selon les deux axes majeurs de la vie chrétienne : l’amour de Dieu et l’amour des frères. Elle fixe le moine dans l’écoute et la louange de Dieu par les temps consacrés à la lectio divina (lecture priante de la Bible) et à la prière liturgique. Mais avec la même force, la Règle veille à ce que la charité fraternelle se manifeste en toute occasion. Par elle se construit l’unité de la communauté et se vérifie l’authenticité de la prière.