Les lectures de ce dimanche de la Passion nous montrent que Jésus n’est pas un surhomme. Il n’est pas impassible face à la mort qui s’approche : « Mon Père, prie-t-il, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! » Il ne cache pas sa peur, il a le sain réflexe de ne pas rechercher la souffrance et la mort. Et l’Evangile nous invitera toujours à nous placer du coté de ceux qui veulent soulager la souffrance et servir la vie, car le Dieu auquel nous croyons et que Jésus nous révèle est un Dieu qui veut le bonheur de l’homme et qui aime la vie ! Jésus en sa passion a même besoin du soutien de ses disciples : « mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi ! » Ainsi se manifeste la pleine humanité de Jésus, jusque dans sa vulnérabilité. Et cela nous rejoint en ces jours si particuliers que traverse notre monde, où nous ressentons l’importance de nous soutenir les uns les autres, de retrouver ce sens de la fraternité qui permet d’affronter ensemble l’incertitude du temps présent. Le Seigneur est vraiment présent au cœur de telles expériences humaines !
Quant à la première lecture tirée du prophète Isaïe, elle nous découvre l’obéissance toute filiale de Jésus : « Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé… Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats ». Celui que nous confessons comme notre Seigneur et Maître et qui dans son enseignement parlait avec autorité, est lui-même le premier à ouvrir l’oreille, le premier à obéir à la parole d’un autre, la parole du Père. A tel point qu’il confie dans son agonie à Gethsémani : « mon Père, si cette coupe ne peut passer sans que je la boive, que ta volonté soit faite ! » Jésus consent, en toute obéissance au Père et en toute fidélité à ce qu’il est, à entrer dans ce mystère d’un amour crucifié. Il découvre au cœur même de sa Passion que c’est l’unique chemin de fidélité à l’amour qu’il est venu révéler et manifester au monde ! Jésus n’est pas un surhomme. Il est un fils, il est le fils bien aimé du Père, qui par amour rejoint l’humain en sa plus grande misère pour l’en relever.
De son coté, saint Paul nous dit que « Jésus n’a pas revendiqué le droit d’être traité à l’égal de Dieu mais qu’il s’est dépouillé lui-même en prenant la condition de serviteur ». Autrement dit, il a assumé notre condition humaine dans toute son épaisseur jusqu’à se faire compagnon d’infortune des plus criminels en étant condamné comme un malfaiteur à la mort sur une croix.
Ainsi, en sa Passion, Jésus se révèle tout à la fois docile au Père et frère des hommes. Et c’est tout un puisque Dieu n’avait d’autre dessein en nous donnant son fils que de venir nous sauver ! Alors accueillons celui qu’acclame la foule en ce jour des Rameaux. Il se présente aux portes de la ville sainte comme le Messie, doux et humble, monté sur une ânesse. Il n’a d’autres armes que celles douces et humbles de l’amour : « il ne crie pas, ne brise pas le roseau froissé, ni n’éteint la mèche qui fume encore », il la protège au contraire. On aura beau le mettre à mort, on n’éteindra pas la source d’amour qui fait battre son cœur pour toute l’humanité. Le mal qui se déchaîne contre lui jusqu’à l’anéantir, parce qu’il demeure impuissant à le contaminer, révèle sa sainteté, son innocence, la force divine de son amour.
frère Jean-Michel